🇨🇳Mon année en Chine

Temps de lecture : 11 minutes

Le 5 septembre 2014, je me suis envolé pour Pékin pour étudier pendant 1 an à l’université Beijing Jiaotong.
J’ai quitté la Chine le 15 Juin 2015 : dans cet article, je vous propose un flashback sur cette année forcément différente.

I – Étudier en Chine : les origines

Après avoir obtenu mon bac S en 2011, j’ai rejoint une école privée pour apprendre le développement informatique. Dans ce cursus, la quatrième année devait avoir lieu à l’étranger au sein d’une université partenaire de l’école.

Lors de notre troisième année, l’école avait organisé un forum international qui nous avait permis de rencontrer les représentants de chaque université pour leur poser des questions et ainsi nous aider à faire notre choix.

Pour ma part, bien que d’autres pays et universités m’attiraient (le Canada, les États-Unis, …), j’avais déjà en tête de partir en Chine. Aussi loin que je me souvienne, j’avais pris cette décision lors d’une pause déjeuner en 2012, durant mon stage de fin de première année : avec Thomas, un autre stagiaire, nous avions étudié les différentes options et nous avions conclu que la Chine présentait de nombreux avantages :

Financièrement : Pas de frais de scolarité supplémentaire contrairement aux États-Unis par exemple.
Culturellement : La Chine nous apparaissait comme étant l’un des seuls pays à avoir gardé sa propre culture, profondément différente des autres.
Stratégiquement : Les universités chinoises nous permettaient d’obtenir un double diplôme que l’on pourrait valoriser sur nos CV.

Après avoir choisi la Chine, il me restait tout de même une décision à prendre : Pékin ou Shanghai ?

Pékin : La capitale, la tradition, une université au coeur de la ville…
Shanghai : Le monde économique, les gratte-ciels, une université en périphérie…

Après plusieurs discussions avec des étudiants fraîchement revenus en France, j’ai tranché : Pékin serait ma ville d’adoption pour 1 an.

C’est comme cela que le 4 Septembre 2014 à 12h00, je me suis retrouvé dans un Boeing 777 à destination de Pékin avec Mathieu et Nicolas, deux de mes amis de l’école.

Notre avion pour Pékin lors de l’escale à Amsterdam, Pays-Bas

II – Les premiers jours à l’université Beijing Jiaotong

Dès notre arrivée à l’aéroport, nous avons dû renoncer à une des règles que nous nous étions fixées dans l’avion :

Ne pas prendre de taxi non officiel, sous aucun prétexte.

Le problème, c’est que nous étions 3 et que par conséquent, aucun taxi officiel ne voulait nous prendre pour aller jusqu’à l’université. Nous n’avions pas encore de carte SIM, il était donc hors de question de se séparer sans avoir de moyen de communication. Après plusieurs refus, nous avons fini par accepter l’offre d’un chinois, qui n’était pas chauffeur de taxi, mais qui parlait anglais et qui nous a emmenés jusqu’à l’Université.

Du moins, c’est ce que l’on pensait.

Il nous a déposés devant une entrée. Sur le mur, le nom de l’Université nous a laissés penser que nous étions bien arrivés à destination.

L’entrée où nous a déposés le “taxi”

On se présente donc à l’agent de sécurité et on lui montre notre lettre d’invitation : il la lit et commence à faire des grands signes pour nous faire comprendre que nous ne sommes pas au bon endroit.

Il ne parle pas un mot d’anglais, nous ne parlons pas un mot de chinois. La technologie ne pourra pas non plus nous venir en aide : nous n’avons pas internet.

Nous commençons à comprendre que nous venons d’arriver dans un pays où nous ne savons ni lire, ni écrire.

L’agent de sécurité nous fait comprendre avec des signes que nous devons aller sur la gauche et continuer tout droit.

Après plusieurs minutes de marche, nous nous retrouvons dans une petite rue, typiquement chinoise, et nous ne comprenons pas ce que nous cherchons exactement.

La petite rue

Heureusement, un homme en scooter remarque que nous cherchons notre chemin et s’approche de nous. Lui non plus ne parle pas un mot d’anglais, mais il décide de nous accompagner jusqu’à la bonne entrée.

Nous comprendrons plus tard que l’Université comporte deux campus : le campus principal et le campus est. Nous devions nous rendre au campus principal, mais le taxi nous avait déposé au campus Est, à plus d’un kilomètre de notre destination.

Plus d’une heure s’est écoulée depuis que le taxi nous a déposés et nous arrivons enfin à notre destination.

La porte sud du campus principal de BJTU

Je ne vais pas vous le cacher : les premiers jours ont été durs.

Lorsque nous sommes arrivés au dortoir de l’Université, nous avons retrouvé Gilles, un ami de l’école qui était arrivé quelques jours plus tôt. En quelques minutes il a réussi à nous faire déprimer en nous racontant comment sa vie avait changé en quelques jours (les problèmes de communications avec les Chinois qui ne parlent pas anglais, les moustiques, la chaleur insoutenable…)

Heureusement, après une bonne nuit de sommeil, nous avons retrouvé nos esprits et en moins d’une semaine nous nous étions tous adaptés à notre nouvel environnement.

Quelques jours plus tard, Mathieu, Nicolas et moi avons même été invités par Yao, sa mère et son cousin Gucci a déjeuné au restaurant pour célébrer la fête de la mi-automne.

Les Chinois n’accueillent que très rarement des gens chez eux, ils préfèrent recevoir leurs invités au restaurant, le plus souvent dans des petites salles privées conçues pour cela.

Premier déjeuner avec des chinois

III – La vie quotidienne à Beijing Jiaotong

Au jour le jour, la vie sur le campus de Beijing Jiaotong était plutôt agréable. Notre emploi du temps était loin d’être surchargé puisqu’en moyenne nous n’avions que 12 heures de cours. Certaines semaines étaient beaucoup plus chargées : la semaine du Nouvel An, nous avons eu 42h de cours.

En dehors des cours dispensés par l’Université (Chinois, Base de données, Développement informatique, Management, Applications mobiles, API, Assurance Qualité, Internet des objets, etc…), nous avions quand même pas mal de travail personnel pour l’Université mais aussi pour notre projet de fin d’études (qui avait commencé l’année d’avant pour une durée de 3 ans).

Personnellement, j’avais fait le choix de bénéficier de la chambre que l’Université avait mise à ma disposition gratuitement dans le dortoir réservé aux étrangers. Au cours de l’année, nous avions pris l’habitude de le surnommer “Le Palais” : en effet, nous avions le privilège de n’être que 2 par chambre (ce qui n’est vraiment pas courant en Chine, en général les Chinois se partagent une chambre à 6 ou 8 personnes).

Le Palais avait également une blanchisserie, une salle commune et son propre staff, présent 24h/24 et 7j/7. Une femme de ménage passait également nettoyer les chambres 2 fois par mois.

En revanche, nous n’avions pas de cuisine dans le dortoir : pour se restaurer nous pouvions aller dans l’une des nombreuses cafeterias du campus où l’on pouvait manger différents plats chinois pour moins d’un euro.

Nous avions également nos habitudes dans plusieurs petits restaurants aux abords de l’Université (“Happy Yummy” qui servait du poulet frit ou encore un petit restaurant familial qui servait de la viande avec du riz).

L’Université Beijing Jiaotong est immense : c’est une mini-ville dans la ville. De nombreux étudiants possédaient un vélo pour se déplacer entre les différents bâtiments. On trouve tout type de services sur place : des supérettes, la poste, le coiffeur, une laverie, une boutique de téléphonie, un café…

Durant l’année, j’ai également cofondé l’Association Franco-Chinoise de BJTU dont je suis devenu le vice-président pour l’année 2014-2015. Cette association a pour but de promouvoir les cultures Françaises et Chinoises sur le campus et de favoriser les échanges entre les étudiants des deux pays.

IV – Découverte de Pékin

En dehors de l’Université, j’ai beaucoup visité Pékin et ses alentours. Pour ne citer que quelques lieux incontournables :

La Cité interdite : C’est l’un des premiers lieux que j’ai visité : située en plein coeur de Pékin, la Cité interdite est mondialement connue. Cette ancienne résidence des empereurs chinois s’étend sur 72 hectares. À l’entrée, un immense portrait de Mao Zedong rappelle aux visiteurs que c’est depuis ce balcon qu’il a proclamé la République Populaire de Chine le 1er Octobre 1949. Prix : 60 Yuans (tarif normal ; 7.73 euros) ou 20 Yuans (tarif réduit ; 2,61 euros)

Le temple du ciel : Construit entre 1406 à 1420, le temple du Ciel était un lieu de culte dans la Chine ancienne. Situé au coeur de la ville, il s’étend sur 267 hectares. Prix : 35 Yuans (soit 4,51 euros)

La grande muraille de Chine : Probablement le monument chinois le plus connu dans le monde entier, elle mesure 21 196 km. À l’origine, elle a été construite pour protéger et défendre la frontière nord de la Chine des envahisseurs. Prix à Badaling : 40 Yuan (tarif normal ; environ 5,40€) ; 20 Yuans (tarif réduit ; environ 2,70€)

Longqingxia : Les gorges de Longqinxia sont vraiment agréables l’été lors des fortes chaleurs. Vous pouvez faire une petite croisière en bateau dans les gorges. Prix : 35 Yuans pour l’entrée (soit environ 4.51 euros) 100 Yuans pour la croisière en bateau (soit environ 12.89 euros)

Sanlitun : Le quartier de la nuit de Pékin. On y trouve beaucoup de restaurants occidentaux, de boîtes de nuit, de centres commerciaux. Il s’agit aussi du quartier des ambassades et par conséquent vous croiserez beaucoup d’étrangers. Prix : Gratuit

Le palais d’été : Construit par l’impératrice Cixi à partir de 1886 non loin de l’ancien Palais d’Été incendié en octobre 1860 par les forces franco-britanniques lors de la seconde guerre de l’opium. Il s’agit d’un grand parc avec un lac. Prix : 50 Yuans (soit environ 6.44 Euros)

Houhai : Il s’agit d’un lac à Pékin. C’est une zone tranquille entourée de nature. Le quartier est également très animé la nuit car il y a beaucoup de bars et de restaurants.

J’ai également rencontré celle qui est devenue ma compagne : Sabrina, une professeur d’anglais américaine qui m’a invité dans sa classe pour que je montre aux petits Chinois comment faire des crêpes.

V – Voyage à Harbin

Du 29 Janvier au 1er Février 2015, j’ai organisé une excursion à Harbin avec quelques amis de l’école. Nous avons pris le train à la gare principale de Pékin pour nous rendre dans cette ville du nord de la Chine situé à plus de 1 250 km.

Après 8 heures de train, nous sommes arrivés à destination et nous sommes rentrés au chaud (la température extérieure était de -10 degrés) dans notre hôtel.

Le lendemain matin nous avons visité la ville ainsi que l’exposition de sculpture sur Neige. En fin d’après-midi nous nous sommes rendus au Harbin Ice and Snow World qui est un lieu qui regroupe des sculptures de glace illuminées. Le soleil s’étant couché, la température extérieure ne dépassait pas les -30 degrés.

VI – Voyage à Shanghai

Après le succès de notre première excursion à Harbin, j’ai organisé un second voyage à Shanghai du 10 Avril au 14 Avril 2015.

Shanghai est une ville très différente de Pékin : pour moi, la ville est plus moderne et plus vivante que Pékin. La nourriture est aussi assez différente et, selon moi, bien meilleure.

Nous avons visité deux tours :

La perle de l’orient : Inauguré en 1995 et haute de 468 mètres, il s’agit de la tour de télévision de Shanghai. Elle offre une vue imprenable sur la rivière Huangpu et sur le Bund. Prix : 120 RMB (soit environ 15.46 euros) pour un accès à la 1ère sphère, 160 RMB (soit environ 20.86 euros) pour un accès à la 2nde sphère et 220 RMB (soit environ 28.35 euros) pour un accès à la 3ème sphère.

La Shanghai World Financial Center : Surnommé “Le décapsuleur”, la vue depuis cette tour est aussi impressionnante. Prix : 180 Yuans (soit environ 23.19 euros).

Nous avons profité de notre présence à Shanghai pour passer une journée à Hangzhou, une ville à une heure de train. Nous avons visité le quartier de Tianducheng, qui est une copie de Paris.

VII – Retour en Chine : 1 an après

À la fin de ces 10 mois à Pékin, je suis rentré en France afin de continuer mes études et réaliser ma dernière année d’étude.

Afin de valider mon double diplôme avec l’Université Beijing Jiaotong, j’ai travaillé pendant un an sur ma thèse avec l’aide de mon superviseur.

Je suis retourné à Pékin du 10 au 20 Décembre 2016 afin de soutenir ma thèse devant le jury. À ma grande surprise, j’étais le seul étranger à être présent ce jour-là.

J’ai obtenu mon Master of Engineering de l’Université de Beijing Jiaotong le 9 Janvier 2017.

VIII – Informations pratiques Chine

FORMALITÉS D’ENTRÉE

Visa :
OBLIGATOIRE pour les Français (Sauf en cas de transit de moins de 72h ou 144h dans certaines villes comme Pékin, Canton ou Shanghai, et dans certaines provinces.)

Pour obtenir le visa, vous aurez besoin d’au moins 2 pages vierges consécutives dans votre passeport et qu’il soit valable encore 6 mois après la date de la demande de visa. Le bureau des visas vous demandera également :

les photocopies des réservations d’hôtel, des billets ou réservations d’avion aller-retour ;
une attestation d’assurance internationale.

Durée de vol direct depuis Paris :

9h45 pour Pékin.
11h pour Shanghai.

Décalage horaire :
+ 6h en été, + 7h en hiver.

BUDGET & CHANGE

Hébergement :

La Chine est un pays immense et les prix des hébergements peuvent varier en fonctions des villes. Voici quelques prix basés sur mon expérience personnelle :

PÉKIN

Chambre double “Type IBIS” : 438.71 Yuans (56.53 €).
Chambre luxe : 1092.79 Yuans (140.81€).

HARBIN

Chambre double “Type IBIS”: 594 Yuans (76.54 €).

SHANGHAI

Chambre double “Type IBIS” jusqu’à 1 244 Yuans (162.22 €).

Restaurants :

En Chine, vous pouvez manger pour moins de 2 euros dans les petits restaurants de rue.

– Menu de Fast Food : environ 30 Yuans (3.91 €)
– Restaurant Classique : environ 60 Yuans (7.82 €)
– Restaurant Chic : à partir de 150 Yuans (19.33 €)

Devise :

La monnaie du pays est le Yuan ou Renminbi. La plupart des achats s’effectuent en Cash ou par Wechat Pay (une application mobile).

Il peut être difficile de trouver un distributeur de billets acceptant Visa ou Mastercard. Les Chinois ont leur propre système qui s’appelle “Union Pay”

CLIMAT

Meilleures saisons :
Au printemps (de fin avril à début juin) et à l’automne (septembre-octobre)

Les saisons à Pékin :

Été : Il y fait chaud, très chaud, moite et lourd.

Hiver : Il y fait froid, très froid (en janvier, – 10 à 20 °C), agrémenté d’un vent glacial pénétrant, mais le ciel est majoritairement bleu.

SANTÉ

Le système de santé chinois dépend vraiment de la zone où vous vous trouvez. Dans les grandes villes, vous pourrez trouver des établissements de santé qui correspondent aux standards occidentaux.

Vaccins recommandés :

vaccins universels (DTCP, hépatite B) ;
hépatite A et typhoïde ;
en cas de séjour rural ou prolongé : rage ;
pour les expatriés, voyageurs fréquents et touristes voyageant en période de mousson : encéphalite japonaise.

SÉCURITÉ

La Chine est un pays globalement sûr : il faut dire que les peines encourues si on ne suit pas les règles sont plutôt dissuasives.

La police, l’armée et les caméras de surveillance sont aussi omniprésentes dans les rues. Lorsque vous prenez le métro, vous devez passer vos bagages aux rayons X.

Vous pourrez aussi croiser des “volontaires” : ils portent des brassards fluorescents et n’hésitent pas à dénoncer les incivilités ou les individus un peu louche…

INTERNET

Vous pourrez avoir accès à internet à peu près partout en Chine. Cependant, internet y est très surveillé et certains sites (comme Facebook, Twitter et YouTube…) y sont interdits.

Avant de vous rendre en Chine, je vous recommande d’installer un VPN sur votre ordinateur et sur votre téléphone.

IX – La carte

X – Conclusion

Cette année en Chine m’aura beaucoup apporté sur le plan personnel et m’a permis de sortir de ma zone de confort : savoir parler anglais en Chine ne m’a servi à rien : même au sein de l’Université, l’anglais des professeurs et des étudiants était très limité.

Passé la première semaine d’adaptation, j’ai adoré ce voyage qui m’a ouvert l’esprit. Je suis reparti avec l’envie de voyager encore plus.

Dans cet article, je n’ai pas mentionné un point important : la pollution de l’air à Pékin. Il s’agit d’un réel problème : la plupart du temps le ciel est gris et “brumeux” :