Cet article est le cinquième d’une série 6 articles qui retracent mon roadtrip en France (du 17 Juin au 4 Juillet 2020). Vous pouvez : Lire l’épisode 1, l’épisode 2, l’épisode 3, l’épisode 4.
I – Notre trajet Montpeyroux > Limoges
Nous avons quitté Montpeyroux et pris la route vers Limoges, notre cinquième étape, aux alentours de midi. Contrairement à notre habitude, nous n’avons pas fait d’escale en cours de route, mis à part une petite pause pour déjeuner.
Notre trajet Montpeyroux > Limoges
À l’origine, nous avions pris un logement sur Airbnb à Cieux, un petit village à quelques minutes de voiture d’Oradour-sur-glane. Suite à notre mésaventure à Vienne, nous avions décidé de repasser en revue toutes nos réservations afin de vérifier que celles-ci correspondent bien à nos critères : il s’est avéré que nous avions quelques doutes sur le logement à Cieux et nous avons préféré annuler gratuitement et réservé une chambre dans un hôtel Ibis à Limoges.
Nous sommes arrivés en fin d’après-midi à Limoges et nous avons décidé de nous reposer à l’hôtel afin d’être en forme pour notre visite du lendemain : Oradour-sur-glane.
Au final, notre séjour dans cet hôtel ibis a lui aussi été un peu compliqué : la climatisation était en panne en plein épisode caniculaire…
II – Oradour-sur-Glane, rappel historique
Sur mon site je parle rarement d’Histoire et pourtant c’est l’une de mes passions : c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes allés visiter le village d’Oradour-sur-Glane. Si vous ne connaissez pas encore l’histoire du massacre d’Oradour-sur-Glane, je vous propose de la découvrir à travers mes mots et mes photos.
Citation présente dans le musée d’Oradour-sur-Glane
a) Oradour avant le massacre
Nous sommes dans les années 1930 : Oradour-sur-Glane est un petit village Français de Haute-Vienne situé à environ vingt kilomètres de Limoges. Le samedi, de nombreux habitants de Limoges empruntent le tramway qui relie les deux communes pour venir y acheter des produits frais sur le marché. Oradour est une petite commune qui ne compte que 1 574 habitants en 1936, dont 330 uniquement dans le bourg du village.
Entre 1939 et 1944, la population d’Oradour augmente en raison de l’arrivée de réfugiés : d’abord des espagnols, des alsaciens, puis des lorrains. Après la défaite de 1940, des réfugiés du Nord, du Pas de Calais, de Montpellier et d’Avignon arrivent également.
En 1942, les nazis envahissent la zone libre. Comme Oradour est une petite commune, l’occupant Allemand n’y met jamais les pieds. Plusieurs témoignages vont jusqu’à dire que l’occupant n’a pas infligé de souffrances directes au village.
Photos d’Oradour-sur-Glane avant le massacre
b) La 2ème division SS « Das Reich »
Après avoir combattu et subi de lourdes pertes sur le front de l’Est, la 2ème division blindée SS « Das Reich » est mise au repos en Avril 1944 dans la région de Montauban afin d’être reconstruite. Début Mai, cette division comporte 18 468 hommes sur un effectif théorique de 21 000 : les hommes qui composent cette unité sont imprégnés par l’idéologie nationale-socialiste et ils se considèrent comme une unité militaire d’élite.
En Juin 1944, la division n’est toujours pas totalement opérationnelle car l’armement lourd et les blindés sont encore majoritaire défaillant. Ils sont donc toujours au repos mais cela n’empêche pas certains éléments de la division de participer à des opérations de lutte contre les résistants et à des représailles contre la population civile.
Alors que les alliés débarquent en Normandie, la 2ème division « Das Reich » reçoit deux ordres contradictoires dès le lendemain : le premier lui ordonne de rejoindre la Normandie et le deuxième d’intervenir contre la résistance dans la région de Tulle-Limoges. Les ordres sont clarifiés quelques heures plus tard : l’essentiel de la division doit être retiré des engagements en cours avant le à 12 h pour rejoindre le front de Normandie.
Alors que la 2ème division « Das Reich » se dirige vers Tulle, les nazis sont confrontés à des actions menées par la Résistance : de nombreux résistants et civils seront sommairement exécutés. La 2ème division « Das Reich » ira même jusqu’à se venger en pendant 99 hommes, qui n’avaient aucun lien avec la Résistance, aux balcons et aux réverbères de la ville de Tulle (ils déporteront également 149 hommes dès le lendemain).
Afin de réduire les activités des résistants et de diminuer le soutien de la population envers ces derniers, les nazis décident de préparer une action pour produire un effet maximal de terreur : les 9 et 10 juin, le massacre d’Oradour fait l’objet d’au moins 3 réunions de préparation réunissant la milice, la police de sécurité allemande et la 2ème division SS « Das Reich ».
Les raisons du choix d’Oradour pour cette action de terreur restent à l’heure d’aujourd’hui mal comprises : selon certains historiens, les nazis souhaitaient prendre 40 personnes en otage et rechercher un officier allemand disparu. Pour d’autres, ces justifications furent inventées par le commandant de l’unité juste avant de quitter les ruines d’Oradour…
Le 10 Juin 1944 au matin, la dernière réunion de préparation du massacre à lieu à l’hôtel de la gare de Saint-Junien, une petite commune à 12 km d’Oradour-sur-Glane.
c) 10 Juin 1944 à 13h45 : L’arrivée des nazis à Oradour
Vers 13h30, deux colonnes de la 2ème division SS « Das Reich » quittent Saint-Junien et prennent la direction d’Oradour-sur-Glane. Ces deux colonnes sont composées d’un total de 200 hommes armés. Au moment du départ, le chef de la 1ère section déclare “Ça va chauffer : on va voir de quoi les Alsaciens sont capables”.
Alors qu’ils ne sont plus qu’à 1 km du village, les nazis s’arrêtent pour distribuer les ordres aux officiers et sous-officiers. Un premier groupe de cinq à huit véhicules entre dans le village par l’est, en empruntant le pont de la Glane.
Vers 13h45, le village est déjà encerclé par 120 hommes environ.
L’arrivée des Allemands dans le bourg du village ne suscite aucune panique : certains commerçants ferment mais d’autres restent ouverts comme le coiffeur, qui part s’acheter du tabac pendant que son commis s’occupe d’un client. Ils n’avaient jamais vu d’Allemands et ils les regardent donc arriver avec plus de curiosité que de crainte.
Cependant, d’après les témoignages des survivants, entre 130 et 150 personnes tentèrent de s’enfuir ou de se cacher.
Déroulé du massacre d’Oradour-sur-Glane (Carte par Rozol 77)
d) 14h45 : Le rassemblement des habitants
Le commandant de la 2ème division SS « Das Reich » convoqua le maire du village qui fit appel au crieur public pour ordonner aux habitants et aux personnes présentent dans le village de se rassembler sur le champ de foire.
Le champ de foire d’Oradour-sur-Glane
La majorité de la population obéit aux ordres, persuadée qu’il s’agit d’un simple contrôle de routine.
Les nazis répartissent alors les hommes et les femmes et les enfants en deux groupes. L’inquiétude reste mesurée parmi la population : le pâtissier, M. Compain, demandera même à un soldat Allemand s’il peut aller vérifier la cuisson des gâteaux qu’il venait de mettre au four : on lui répond en Français que quelqu’un va s’en occuper.
Les nazis forcent tous les habitants à rejoindre le champ de foire : ils passent dans chaque immeuble et n’hésitent pas à défoncer les portes et les fenêtres si nécessaire. La rafle inclut également les quatre écoles de la commune (soit 191 enfants, 2 instituteurs et 5 institutrices) mais aussi les habitants des hameaux voisins. Les fuyards ou ceux qui ne peuvent se déplacer sont immédiatement abattus.
À 14h45, le rassemblement de la population est terminé. Un des Waffen-SS alsaciens traduit les propos du commandant de la 2ème division SS « Das Reich » : les SS ont entendu parler d’une cache d’armes et de munitions à Oradour et demandent à tous ceux qui possèdent une arme de faire un pas en avant.
Les nazis menacent les habitants de mettre le feu aux maisons afin de faire sauter le dépôt clandestin mais ils n’obtiennent aucune réaction. Ils décident alors de demander au maire de la commune de désigner 30 otages : celui-ci refuse de satisfaire une telle exigence et assure aux Allemands que les habitants n’ont pas connaissance d’un tel dépôt et se porte garant pour eux.
Vers 15h00, après des scènes d’adieux déchirantes, les femmes et les enfants sont conduits dans l’église du village.
Le Waffen-SS alsacien renouvela sa demande de dénonciation : selon Marcel Darthout, l’un des survivants, « aucun dépôt ne fut signalé et pour cause, il n’y en avait pas dans le village qui était parfaitement tranquille et où chacun s’occupait uniquement de son petit commerce ou de la culture de ses terres».
Après une heure d’attente, les hommes sont conduits à différents endroits repérés par les nazis.
e) 16h00 : Le massacre des hommes
Les 180 hommes et jeunes adolescents de plus de quatorze ans sont répartis par groupes d’une trentaine de personnes dans six lieux d’exécution : la grange Bouchoule, la grange Laudy, la forge Beaulieu, la grange Milord, le garage Desourteaux et le chai Denis.
Les survivants témoignent de l’ambiance : « Pendant que, toujours tenus sous la menace des fusils, les hommes devaient vider chacun de ces locaux de tous les objets qu’ils contenaient, un SS balayait soigneusement un large espace devant la porte, puis y installait une mitrailleuse et la mettait en batterie face au local ». « Malgré cette situation inquiétante, chacun reprenait confiance, certain qu’il n’existait aucun dépôt d’armes dans le village. La fouille terminée, le malentendu serait dissipé et tout le monde serait relâché. Ce n’était après tout qu’une question de patience »
L’ordre est donné d’abattre les différents groupes d’hommes à 16 heures.
Marcel Darthout témoigne : « nous avons perçu le bruit d’une détonation venant de l’extérieur, suivi d’une rafale d’arme automatique. Aussitôt, sur un commandement bref, les six Allemands déchargèrent leurs armes sur nous. […] En quelques secondes, j’ai été recouvert de cadavres tandis que les mitrailleuses lâchaient encore leurs rafales ; j’ai entendu les gémissements des blessés. […] Lorsque les rafales eurent cessé, les Allemands se sont approchés de nous pour exterminer à bout portant quelques-uns parmi nous »
Les corps sont ensuite recouverts de paille et les nazis mettent le feu. Dans la plupart des lieux d’exécution, le feu a été allumé sur des hommes encore vivants.
« Jusqu’au dernier instant, à l’ultime seconde du déclenchement de la mitraille, ceux qui étaient devenus des otages en attente d’une exécution n’ont pas imaginé la conséquence de leur situation. […] Ils ne pouvaient pas y croire et ils n’y ont pas cru. La surprise des victimes a été totale. La manœuvre des Waffen-SS avait réussi : l’exécution s’est passée dans le calme, sans difficulté et sans panique»
Parmis les soixante-deux prisonniers dont faisait partie Marcel Darthout, six s’échappent du bâtiment, dont un sera tué par une sentinelle. Les cinq évadés survivants sont les seuls rescapés des fusillades.
Les SS qui ne participent pas aux meurtres (soit quatre à cinq hommes de chaque peloton) se livrent au pillage du village : ils emportent avec eux argent, bijoux, tissus,produits alimentaires, instruments de musique, bicyclettes, volailles, porcs, moutons et veaux… Au fur et à mesure du pillage, les bâtiments sont systématiquement incendiés. Débusqués par les pillards ou chassés de leur cachette par les incendies, de nombreux habitants qui avaient échappé à la rafle sont massacrés isolément ou en petits groupes.
Un garage dans lequel a été exécuté un groupe d’hommes
f) 16h00: Le massacre des femmes et des enfants
Marguerite Rouffanche, la seule survivante du massacre des femmes et des enfants raconte :
« Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes, de plus en plus inquiets, la fin des préparatifs auxquels nous assistions. Vers 16 h, des soldats âgés d’une vingtaine d’années placèrent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons qu’ils laissèrent traîner sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l’engin dans lequel une forte explosion se produisit et d’où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea. Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d’épouvante affluèrent vers les parties de l’église où l’air était encore respirable. C’est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d’un groupe épouvanté. J’y pénétrai à la suite et, résignée, je m’assis sur une marche d’escalier. Ma fille vint m’y rejoindre. Les Allemands, s’étant aperçus que cette pièce était envahie, abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge. Ma fille fut tuée près de moi d’un coup de feu tiré de l’extérieur. Je dus la vie à l’idée de fermer les yeux et de simuler la mort. Une fusillade éclata dans l’église. Puis de la paille, des fagots, des chaises furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles. Ayant échappé à la tuerie et n’ayant reçu aucune blessure, je profitai d’un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel. Il existe dans cette partie de l’église trois fenêtres. Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et, à l’aide d’un escabeau qui servait à allumer les cierges, je tentai de l’atteindre. Je ne sais alors comment j’ai fait, mais mes forces étaient décuplées. Je me suis hissée jusqu’à elle, comme j’ai pu. Le vitrail était brisé, je me suis précipitée par l’ouverture qui s’offrait à moi. J’ai fait un saut de plus de trois mètres, puis je me suis enfuie jusqu’au jardin du presbytère. Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j’avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre, me tendait son bébé. Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands, alertés par les cris de l’enfant, nous mitraillèrent. Ma compagne et le poupon furent tués. Je fus moi-même blessée en gagnant un jardin voisin. »
L’église d’Oradour-sur-Glane
g) 21h00 : Le départ des nazis
Vers 18h00, un ingénieur des chemins de fer, Jean Pallier, arrive en camion à l’entrée du village. Il est arrêté avec ses compagnons de voyage mais autorisé à rester sur place après une fouille. Il est ensuite rejoint par les passagers du tramway parti de Limoges habitant Oradour ou s’y rendant.
Jean Pallier tente de rejoindre le bourg à travers champs mais il constate que le bourg est encerclé par les nazis. Le groupe d’une quinzaine de personnes est arrêté vers 20 h et, après plusieurs vérifications d’identité, relâché avec ordre de s’éloigner du village : un sous-officier parlant correctement le français déclare aux membres de la petite troupe : « Vous pouvez dire que vous avez de la chance ».
Les nazis quittent Oradour entre 21h00 et 22h30 : seule une section de garde passe la nuit dans le village à boire des vieilles bouteilles et du champagne. Des groupes de nazis reviennent à Oradour les 11 et 12 Juin pour enterrer les cadavres et rendre leur identification impossible.
h) Les premiers témoins
Jean Pallier, l’ingénieur en chemin de fer qui avait tenté de rentrer dans le bourg d’Oradour dans la soirée du 10 Juin, est l’un des premiers à revenir sur place dans la matinée du 11 Juin. Il est accompagné de quelques hommes et il raconte :
« Tous les bâtiments y compris l’église, les écoles, la mairie, la poste, l’hôtel que ma famille habitait, n’étaient plus que ruines fumantes. […] En tout et pour tout, nous n’avions aperçu que trois cadavres carbonisés en face d’une boucherie et un cadavre de femme non carbonisé, mais tuée d’une balle dans la nuque. »
« Au milieu d’un amas de décombres, on voyait émerger des ossements humains calcinés, surtout des os de bassin. Dans une dépendance de la propriété du docteur du village, j’ai trouvé le corps calciné d’un enfant […] Je vis plusieurs charniers […] Bien que les ossements fussent aux trois quarts consumés, le nombre de victimes paraissait très élevé. »
Alors qu’il progresse dans le village, il pénètre dans les ruines de l’église :
« Il n’est pas de mots pour décrire pareille abomination. Bien que la charpente supérieure de l’église et le clocher soient entièrement brûlés, les voûtes de la nef avaient résisté à l’incendie. La plupart des corps étaient carbonisés. Mais certains, quoique cuits au point d’être réduits en cendres, avaient conservé figure humaine. Dans la sacristie, deux petits garçons de douze ou treize ans se tenaient enlacés, unis dans un dernier sursaut d’horreur. Dans le confessionnal, un garçonnet était assis, la tête penchée en avant. Dans une voiture d’enfant reposaient les restes d’un bébé de huit ou dix mois. Je ne pus en supporter davantage et c’est en marchant comme un homme ivre que je regagnai [le hameau des Bordes]. »
Plusieurs témoins font également état de viols, même si ceux-ci ne sont pas évoqués lors du procès. Marcel Darthout a par la suite déclaré : Qu’avaient fait les SS dans la maison Dupic, le soir du ? […] La pensée que les soldats eussent pu abuser de jeunes femmes du village, après le massacre, parmi lesquelles aurait pu être ma sœur Georgette, me hantait. »
Le 13 Juin, le préfet régional de Limoges obtient l’autorisation des autorités allemandes de se rendre à Oradour. Dans son rapport aux autorités de Vichy il reprend la version des nazis mais il tient « à souligner que le village d’Oradour-sur-Glane était une des communes les plus tranquilles du département et que sa population laborieuse et paisible était connue pour sa modération »
La liste des victimes est fixée par plusieurs jugements du tribunal civil de Rochechouart : en janvier 1947, le décompte final est établi a 642 décès avec seulement 52 corps identifiés. Parmi les morts, on dénombre 393 personnes domiciliées ou réfugiées à Oradour, 167 habitants des villages et hameaux de la commune, 93 résidents de Limoges, 25 personnes résidant dans la Haute-Vienne et 18 dans d’autres départements.
La gare de tramway d’Oradour-sur-Glane
i) Les survivants
Du massacre en lui-même, seules 6 personnes ont survécu : Robert Hébras (qui est le dernier survivant encore en vie), Jean-Marcel Darthout, Mathieu Borie, Clément Broussaudier, Mme Marguerite Rouffanche, ainsi que Pierre-Henri Poutaraud.
Certains habitants ont réussi à quitter le village entre l’arrivée des Allemands et le début du massacre. Au total, une trentaine d’habitants du village seulement on survécut.
Jean Marcel Darthout et Robert Hebras, deux des survivants du massacre.
j) Oradour après le massacre
En , le gouvernement français décide le classement parmi les monuments historiques de l’église conservée dans l’état où elle se trouvait après l’incendie et celui des ruines du village parmi les sites historiques ; il décide également de la réédification du village sur un emplacement différent de l’ancien.
Les familles survivantes vécurent dans des baraques en bois jusqu’en 1953. Elles déménagèrent par la suite dans le “nouveau bourg”, construit à quelques centaines de mètres des ruines.
Jusqu’au début des années soixante, les habitants observent un deuil permanent et Oradour est une ville morte, où ne sont célébrés ni communion, ni baptême, ni mariage, sans aucune activité festive et où la seule vie associative est constituée par les activités organisées par l’Association nationale des Familles des Martyrs d’Oradour. Le docteur Lapuelle témoigne de l’ambiance de cette époque : « à l’époque, le bourg était d’une extrême tristesse. Des rues désertes. On voyait peu de gens. Et surtout, ce qui frappait, c’est qu’on ne voyait pas d’enfants. […] Et cette tristesse était quelque chose d’indescriptible. Surtout, il existait à l’époque une drôle d’ambiance dans l’Association des familles qui était encore sous le choc du massacre et qui pensait qu’il fallait observer une génération de deuil dans ce pays »
En 1991, le retour à une vie normale se traduit par la plantation d’arbres le long de l’avenue du 10-Juin et le placement de bacs à fleurs à l’intersection principale.
Un procès aura lieu devant le tribunal de Bordeaux en 1953 : sur le banc des accusés, 21 personnes seulement (dont 14 Alsaciens). À ce procès plusieurs grands absents : notamment Heinz Lammerding, commandant de la 2ème division SS « Das Reich », que l’Allemagne de l’Ouest refuse d’extrader et Adolf Diekmann, un autre commandant qui est mort le 29 juin 1944 durant la bataille de Normandie.
Le verdict est prononcé dans la nuit du : parmi les accusés allemands, le sergent Lenz est condamné à mort, un accusé qui a pu prouver son absence lors du massacre est acquitté et les autres sont condamnés à des peines variant de dix à douze ans de travaux forcés ; les Alsaciens Malgré-nous écopent de cinq à douze ans de travaux forcés ou de cinq à huit ans de prison ; quant au seul Alsacien engagé volontaire dans la Waffen-SS, il est condamné à mort pour trahison.
Le verdict déclenche de vives protestations en Alsace : « Nous n’acceptons pas. Toute l’Alsace se déclare solidaire avec ses treize enfants condamnés à tort à Bordeaux et avec les 130 000 incorporés de force. […] Elle restera avec eux dans la peine. L’Alsace française s’élève avec véhémence contre l’incompréhension dont ses fils sont les malheureuses victimes ».
En Février 1953, le président du Conseil des ministres dépose à l’Assemblée Nationale une proposition de loi accordant l’amnistie pleine et entière à tous les enrôlés de force : cette fois, c’est dans le Limousin et dans les journaux issus de la Résistance que se déclenche l’indignation.
Le 21 Février 1953, à l’aube, les treize Malgré nous sont libérés et rejoignent leur famille en Alsace dans l’après-midi. Les cinq Allemands voient leur peine réduite et sont libérés quelques mois plus tard. Les deux peines capitales sont commuées en réclusion perpétuelle en .
Aucun condamné par contumace n’est inquiété.
La loi d’amnistie conduit à une véritable révolte à Oradour et dans le Limousin : anciens résistants et élus locaux rendent leurs décorations et l’Association nationale des familles des martyrs refuse le transfert des cendres des martyrs dans la crypte construite par l’État et interdit à tout représentant de l’État d’être présent aux cérémonies commémoratives.
En 1958, cinq ans après le procès, tous les condamnés sont libres.
Le président Jacques Chirac inaugure le Centre de la mémoire le 16 juillet 1999.
Le centre de la mémoire
III – Quelques photos
Quelques photos d’Oradour-sur-Glane en 2020
IV – Conclusion
C’est avec émotion et sidération que nous avons quitté le village d’Oradour-sur-Glane pour rentrer à notre hôtel.
Bien que cet article ne correspondent pas vraiment à la ligne éditoriale habituelle de mon site internet, j’ai décidé de vous le partager dans la rubrique Carnet de voyage : je m’intéresse à l’Histoire et puis après tout c’est mon site, j’y partage ce dont j’ai envie 😉
Cette étape était l’avant-dernière de notre roadtrip : la dernière étape se situe en Vendée et elle nous fera elle aussi voyager dans le temps (bien que différemment !) puisqu’il s’agit du Puy-du-fou.
En route pour la dernière étape !
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